PIQUETAGE DE SOLIDARITÉ AVEC LES LOCK-OUTÉS DU CIMETIÈRE NOTRE-DAME-DES-NEIGES
Le Réseau de Solidarité des Travailleurs-Travailleuses, regroupement syndical de travailleur-euse-s basé sur l'action directe, appelle à une première action de piquetage de solidarité avec les membres du Syndicat des travailleurs du cimetière Notre-Dame-des-Neiges de la Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Montréal, affilié à la CSN, qui sont en lock-out depuis le 16 mai. D'autres piquetages de solidarité auront lieu au cours des prochains jours.
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VENDREDI 15 JUIN À 19h00
Cimetière Notre-Dame-des-Neiges
ENTRÉE DECELLES du cimetière
Métro Côtes-des-Neiges
Montréal
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Les chambres réfrigérées du cimetière, d'une capacité de 400 à 450 places, sont parmi les plus grandes au Canada. Alors que la partie patronale affirme qu'elles abritent actuellement 150 dépouilles, le syndicat pense que la direction du cimetière tente de minimiser l'étendue du problème et que ce seraient plutôt 225 corps qui seraient entreposés. Malgré les insinuations de leurs patrons à leur égard, les syndiqué-e-s sont les premiers à déplorer la situation créée par la décision de l'employeur. Dans l'industrie des pompes funèbres, où aucune entreprise n'a l'équipement nécessaire pour conserver des dépouilles à long terme, le déclenchement d'un lock-out a provoqué un véritable branle-bas. Les plus gros acteurs, comme Magnus Poirier et Urgel Bourgie, ont immédiatement signé des ententes avec d'autres cimetières, dont les capacités sont considérablement moindres que celles de Notre-Dame-des-Neiges.
Le cimetière Notre-Dame-des-Neiges, géré par le conseil de la Fabrique de la paroisse Notre-Dame, avec une superficie de 343 acres, des routes faisant 55 kilomètres, une évaluation foncière de 229,7 M$ et 5600 inhumations par année, est un des plus grands en Amérique du Nord. En raison du territoire, les tâches sont nombreuses: creusage, finition de la fosse, nivelage, ensemencement, nettoyage des chemins, travail d'orientation pour les visiteurs, camionneurs, etc.
Le syndicat des travailleurs du cimetière, qui compte 129 membres dont 72 sont des travailleurs saisonniers, juge qu'il est grandement temps que la direction du cimetière améliore les conditions de ses employés. Le climat des relations de travail est « morbide », avec plus de 200 griefs non réglés. Leur convention collective étant échue depuis décembre 2003, des négociations ont débuté en mars 2006 par le dépôt du projet syndical de convention collective. Leurs revendications sont la mise sur pied d'un régime de retraite à prestations déterminées avec possibilité de rachat des années de service antérieures (avec le présent régime, les employés sont forcés de prendre leur retraite à un âge trop avancé), des primes de départ faisant dorénavant partie d'un régime conventionné, la réduction de la semaine de travail à quatre jours avec pleine compensation, la garantie d'un plancher de 36 semaines de travail annuelles pour les travailleurs saisonniers et le resserrement des clauses de sous-traitance.
L'employeur refuse toutefois d'envisager toute ouverture qui aurait permis de faire progresser le dialogue. Le syndicat soutient que la propagande patronale quant à l'avancement des pourparlers ne tient pas la route et que ce qui sépare leurs attentes des offres de l'employeur est majeur. Afin de protester contre l'intransigeance de la direction à la table de négociation et la lenteur des négociations, les syndiqué-e-s ont déclenché une grève d'un jour le 10 mai. Ils ont aussi déclenché des grèves au moment où des enterrements étaient prévus, sans pour autant que l'attitude de fermeture de l'employeur ne change. Le 16 mai, l'employeur a décidé de mettre ses employés en lock-out pour éviter de subir les contrecoups de leurs moyens de pression. Il est à noter que le 2 avril, les membres du syndicat avaient voté à 98,8% en faveur du déclenchement de la grève générale illimitée au moment jugé opportun.
De toute évidence, s'il y a quelqu'un à blâmer dans ce conflit, c'est bien la partie patronale qui refuse de mettre un terme à son attitude intransigeante. Suite au lock-out décrété par la direction du cimetière, le comité exécutif du syndicat a convoqué l'assemblée générale des membres pour faire le point sur la situation et convenir de la suite des choses. Les travailleur-se-s ont alors décidé de répliquer au lock-out de leur employeur ... par une grève! Actuellement, les syndiqué-e-s tiennent des lignes de piquetage aux trois entrées du cimetière. Ils soupçonneraient aussi la direction du cimetière d'utiliser des briseurs de grève.
Même si une grève dans un cimetière est un fait plutôt rare, les travailleur-se-s du cimetière l'ont déjà fait à deux reprises. En fait, l'arrogance de la direction du cimetière ne date pas d'hier. En 1986, suite à une bravade de l'employeur, les employés se retrouvèrent en lock-out, et répliquèrent en déclenchant une grève de plusieurs semaines; un arrêt de travail d'un mois s'était soldé par le report de 625 inhumations. Les employés se battant contre la sous-traitance et le mépris qu'affichait la direction du cimetière envers ses employés. Il arrivait couramment que le contremaître en chef balance les paies des employés par terre, insulte les employés et en blesse volontairement en conduisant mal le véhicule dans lequel il les déplaçait. C'est suite à cette grève que les employés du bureau se sont syndiqués. Le directeur du personnel de l'époque ordonna aux femmes du bureau de faire les scabs pour remplacer les fossoyeurs en grève: face à cette situation, elles se sont accréditées!
En 1991, il y avait beaucoup d'agitation; quelques années plus tôt, certains membres avaient tenté de scinder le syndicat pour en exclure les saisonniers. Un nouveau comité syndical fut élu à majorité écrasante. Les travailleur-se-s réclamaient d'être traité avec dignité, que cesse le harcèlement systémique du contremaître général, que soient éliminées les doubles échelles de salaire (ça prenait 65 mois pour un saisonnier pour obtenir la parité salariale avec un régulier pour le même travail, soit l'équivalent d'une quinzaine d'années), l'élimination de la sous-traitance, le refus de travailler le samedi qui est une demande de l'employeur et le respect des classifications. Le débrayage dura 11 semaines pendant lesquelles le cimetière redevint en friche, les corps s'accumulant dans les frigidaires. Le conflit terminé, rien ne fut réglé. Ce fut au contraire le début d'une longue guerre de tranchée, préparant le terrain à la négociation de 1994. Les syndiqué-e-s du cimetière, insatisfaits de la FTQ, changèrent d'accréditation pour la CSN. En 1995, le conseil d'administration de la Fabrique décida de changer de direction générale et de moderniser la gestion du cimetière. De même, le comité exécutif du syndicat se vit donné comme mandat d'assainir les relations de travail, éliminer le favoritisme, rendre l'environnement de travail conforme aux règles de santé sécurité, éliminer les doubles échelles de salaire, favoriser une rémunération décente et réclamer une assurance groupe. Le syndicat décida aussi de s'attaquer à l'absence de femmes parmi les employés. Cette négociation dura un an et demi, sans grève, avec la promesse de l'employeur de procéder à l'embauche de femmes.
En 2001, il fut signée une convention dans la confusion la plus totale: congédiements, une assemblée générale frustrée de ne pas avoir obtenu ce qu'elle voulait. Ce contrat échouait le 31 décembre 2003. Pour en savoir plus, suffit de parcourir le site du syndicat www.syndicatcimetierenddn.org et faire lecture de la Fosse-Vérité, le périodique des syndiqué-e-s du cimetière...
Réseau de Solidarité des Travailleurs-Travailleuses (RSTT)
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